Projet Bag’ages Agriculture de conservation : quels effets sur le cycle de l’eau ?
Dans le bassin Adour-Garonne, le projet Bag’ages a permis de mieux quantifier l’impact du travail du sol et des couverts sur la ressource en eau.
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Commandité par l’agence de l’eau Adour-Garonne, le projet Bag’ages a étudié notamment l’effet de plusieurs pratiques agroécologiques sur les quantités d’eau stockées dans le sol et leur dynamique. Impliquant une vingtaine de partenaires et des agriculteurs du bassin, des dispositifs expérimentaux ont été mis en place entre 2017 et 2019, complétés par de la modélisation.
Effet sur la réserve utile
Les pratiques étudiées furent, entre autres, la réduction du travail du sol et les couverts sur des parcelles en agriculture de conservation des sols (ACS) depuis dix à vingt ans.
Les mesures réalisées sur les différents sites du bassin ont permis de montrer des différences de porosité entre les systèmes labourés et ceux en ACS. Elles se voient surtout sur les premiers centimètres du sol, où les parcelles labourées présentent plus de macropores que les parcelles en ACS (plus riches en micropores). La circulation de l’eau en labour serait moins efficace, en raison d’une plus faible connectivité des macropores. En ACS, les biopores (liés à l’activité biologique) permettraient une bonne circulation verticale, malgré une quantité plus faible de macropores. « Ceci a des conséquences fonctionnelles sur la diffusion de l’oxygène dans le sol, avec une tendance à l’anoxie racinaire plus élevée en labour, mais cela se voit aussi en ACS dans certains cas », estime Vincent Bustillo, du Centre d’études spatiales de la biosphère. Une augmentation sensible de la taille de la réserve utile en ACS (10 à 15 %) a également été observée. « On est donc loin des informations qui circulent parfois sur des tailles multipliées par quatre, voire dix », nuance Lionel Alletto, directeur de recherche à l’Inrae (1).
Réduction du drainage
La thèse de Nicolas Meyer a montré que la présence des couverts d’interculture multiservices (CIMS) réduisait le drainage de 30 mm en moyenne à l’échelle de la parcelle, et de 9 % dans le bassin Adour-Garonne en climat actuel. Les semis de couverts précoces, fin juillet, affectent le plus le drainage. Quant aux destructions tardives de couverts, elles sont le premier facteur de réduction du stock d’eau en sortie hiver, disponible pour la culture suivante. « Les itinéraires techniques doivent donc être adaptés, afin de maximiser les services rendus par les CIMS, tout en limitant les effets négatifs potentiels », conclut Julie Constantin, de l’Inrae.
Travail du sol et couverts d’interculture interagissent donc sur le fonctionnement hydrique des sols. « La composante biologique est aussi importante à considérer, notamment les mycorhizes, mais cela reste encore à quantifier, indique Lionel Alletto. Bag’ages était un observatoire de pratiques : nous n’avons pas cherché à faire prendre de risques aux agriculteurs. Pour prolonger ces travaux, des plateformes expérimentales pourraient permettre de tester des choses plus poussées, en imposant par exemple des stress hydriques. » Charlotte Salmon
(1) Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
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